Buste drapé de Constant I à droite, portant un diadème perlé
CONSTAN-S P F AVG
Deux Victoires ailée et drapée, se faisant face, chacune tenant une couronne de la main droite et une palme de la gauche
VICTORIAE DD AVGG Q NN
Marque d'atelier : D//TRS
Constant I a le titre d'Auguste de 337 à 350 ap. J.-C.
Le type VICTORIAE DD AVGGQ NN, avec les deux Victoires se faisant face, a été frappé principalement dans les ateliers monétaires de l'Ouest entre 341 et 348 ap. J.-C.
L’exemplaire n’est pas oxydé et le type est décrit comme relativement commun par le RIC. La dénomination AE3 désigne les pièces de bronze de cette époque dont le diamètre est de 14 à 18 mm et le poids de 1,5 à 4 g.
Les lettres TRS à l’exergue du revers indiquent l’atelier monétaire de Trèves, en Gaule Belgique, région alors gouvernée par Constant Ier depuis sa victoire sur son frère Constantin II en 340. Ce type, frappé dans la plupart des ateliers de l’Empire, remplace le GLORIA EXERCITVS dès 341 et est alors le plus produit dans la partie occidentale de l’Empire (CAZA 2021, 137). Toutes les frappes de ce type à Trèves ont lieu entre 347 et 348 sur des pièces de bronze, avec également des exemplaires à l’effigie de Constance II. La signification de la lettre D au milieu du champ à l’avers reste floue. Il s’agit peut-être d’une marque d’officine (CAZA 2021, 137).
Il est notable que, contrairement à une pratique courante pour les prédécesseurs et successeurs de Constant Ier, son nom à l’avers n’est pas précédé des lettres D(ominus) N(oster).
Les inscriptions au revers DD AVGG NN (domini duorum Augusti nostri), “[la victoire] de nos deux maîtres et empereurs”, évoquent le règne conjoint de Constant Ier et de son frère Constance II. En effet, à la mort de Constantin Ier en 337, l’Empire romain est divisé entre ses trois fils, tous Augustes : Constant Ier en reçoit la partie centrale puis s’arroge tout l’Occident après avoir vaincu son frère Constantin II qui régnait sur l’Occident (KIENAST 2017, 298), et Constance II la partie orientale.
Les Victoires sont des figures récurrentes au revers des pièces frappées par Constant Ier, modèle provenant de son père Constantin Ier, et sont présentes sur des pièces frappées depuis le Ier siècle av. J.-C. Selon CAZA (2021, 137), les Victoires célèbrent les deux empereurs Constant Ier et Constance II. La mention d’une “victoire des empereurs” se réfère peut-être aux conflits récurrents entre Rome et l’Empire perse durant la décennie 340. Selon SHOTTER (1979, 54-56), la présence de ces déesses traditionnelles sur des pièces émises par des empereurs chrétiens est emblématique de la persistance d’une iconographie “païenne” et du très faible nombre de symboles chrétiens sur les pièces de monnaie à l’époque de Constantin Ier et de ses héritiers. Plus globalement, les Victoires étant assimilées à des siècles de succès des armées romaines, les empereurs chrétiens purent juger peu avisé politiquement de supprimer de tels symboles.
Caza 2021 ; Kienast 2017 ; Shotter 1979