Buste barbu, drapé et cuirassé de Julien à droite, portant un diadème perlé. Grènetis périphérique
D N FL CL IVLI-ANVS P F AVG
Bœuf, debout à droite, la tête de face ; au-dessus, deux étoiles. Grènetis périphérique
SECVRITAS REI PVB
Marque d'atelier : -/-//ANTΓ
Julien devient Auguste incontesté en 361 après que Constance l’ait désigné héritier peu avant sa mort. Ce type est émis à partir de la mi-362 (CAZA 2021, 242). L’empereur meurt en 363.
L’exemplaire est en bon état et le type est décrit comme commun par le RIC. Il est notablement volumineux par rapport aux Aes des empereurs précédents, qui n’excèdent que rarement 4 g. Julien, peut-être à la fin de 362, lance une réforme monétaire aboutissant à la création d’un AE1 de bronze de 9 g. (CAZA 2021, 43).
Les lettres ANT à l’exergue du revers désignent l’atelier monétaire d’Antioche en Coelé-Syrie, ville où se trouve Julien - alors seul Auguste et ne s’étant pas associé à un césar (KIENAST 2017, 309) - entre la fin de 362 et le début de 363, avant son départ pour son expédition contre l’Empire perse (RIC VIII, p. 29-30). Le type a ainsi pu être produit pour payer sur place les troupes devant participer à cette campagne, ce qui expliquerait également que ce type soit uniquement frappé sur des pièces de bronze, notamment utilisées pour rémunérer les soldats. Toutefois, des types similaires sont alors frappés dans tout l’Empire. Il ne sera pas repris après le règne de Julien. La lettre Γ (gamma) finale indique la troisième officine de l’atelier, dans laquelle la pièce a été frappée.
Les lettres D(ominus) N(oster) à l’avers qui désignent l’empereur remplacent l’abréviation IMP(erator) à partir du début du IVe siècle. Julien est ici nommé selon sa nomenclature complète : FL(avius) CL(audius) IVLIANVS. Julien porte ici la barbe, qui n’est pas présente sur les monnaies frappées à son effigie avant 361. Cette barbe, que Julien porte à l’imitation des philosophes grecs, est évoquée par l’empereur lui-même dans son traité du Misopôgon comme faisant l’objet des railleries des habitants d’Antioche.
Alors qu’au revers la légende SECVRITAS REI PVB(licae) est traditionnellement accompagnée de l’allégorie de la sécurité, elle est illustrée sur l'exemplaire par un bœuf. Cet animal, figurant déjà sur des bronzes romano-campaniens émis au tournant du IIIe siècle av. J.-C. par la République romaine (JONES 1990, 40), est très présent sur le monnayage romain dès la fin de la République. Différentes interprétations ont été avancées pour ce type dès l’époque de Julien : Il pourrait s'agir du veau d’or de l’Exode (cette explication étonnante est celle d’Ephrem le Syriaque, contemporain de Julien, WOODS 2000, 159), référence au signe astrologique de l’empereur, le taureau. Il est également possible qu’il s’agisse du bœuf Apis (KENT 1959, 117), animal sacré égyptien dont la découverte à la fin de l’année 362 est rapportée dans les Histoires (XXII, 14, 6) d’Ammien Marcellin, thèse que rejette cependant WOODS (2000, 160). Ce dernier perçoit davantage le bœuf comme une référence au culte solaire (WOODS 2000, 60), auquel il était déjà associé sur des pièces émises par Gallien (253-258). Nous savons en outre Julien est un adepte d’Hélios-Roi, dieu personnifié du soleil, auquel il consacre un traité (Sur Hélios-roi). D’autres hypothèses associent le bœuf à la pratique cultuelle de Julien qui, bien qu’élevé dans le christianisme, retourne aux cultes traditionnels et rétablit le sacrifice d’Etat fortement limité par ses prédécesseurs chrétiens (BELAYCHE 2001, 471). Cela expliquerait que le type de revers ne soit pas repris par les héritiers de Julien, tous chrétiens.
GILLIARD (1964, 141) voit dans les deux étoiles une référence astrologique évoquant la constellation du taureau. Selon WOODS (2000, 164), celles-ci traduiraient une présence divine, autant dans la symbolique chrétienne que païenne. Il n’y aurait donc pas de lien direct avec le bœuf.
Belayche 1994 ; Caza 2021 ; Gilliard 1964 ; Kent 1959 ; Kienast 2017 ; Woods 2000.